/ 81MM / 54MM
"La Statue", se veut une réinterprétation contemporaine du célèbre "Penseur" d'Auguste Rodin. Contrairement à la représentation figurative classique de Rodin, où le corps humain est minutieusement sculpté pour évoquer la profondeur de la réflexion, Gerber choisit une approche abstraite pour exprimer l'introspection et la méditation. Sa toile explore l'idée du questionnement intérieur à travers des formes géométriques et des couleurs vibrantes, tout en laissant de côté la représentation anatomique. Des teintes sombres et des contrastes marqués dominent l’œuvre, suggérant un espace mental où la lumière (la clarté) et l’ombre (le doute) s'affrontent, rappelant l’équilibre précaire entre la certitude et l’incertitude.
Sur le plan stylistique, "La Statue" s’inscrit dans la tradition de l’abstraction lyrique, où la gestualité et l’émotion se traduisent par des coups de pinceau expressifs et des textures riches. Les aplats de couleurs qui structurent la toile évoquent le travail de Mark Rothko, avec ses champs de couleurs juxtaposés, mais ici, ils sont dynamiques et fragmentés, reflétant la nature fragmentée de la pensée humaine. On peut également y voir des influences de Nicolas de Staël, qui combinait des formes géométriques avec une texture dense pour donner une dimension à la fois matérielle et spirituelle à ses œuvres. Chez Gerber, l’abstraction ne vise pas seulement à exprimer des émotions, mais aussi à capturer l’acte même de réfléchir, de ruminer et de chercher des réponses.
Le dialogue avec Rodin se perçoit aussi dans la manière dont Gerber décompose l’image classique du penseur en éléments abstraits, soulignant l’idée que la réflexion est un processus fluide et non figé. Tandis que Rodin incarnait la réflexion par un corps solidifié dans le bronze, Gerber libère cette idée en explorant les flux et reflux de la pensée. L’utilisation de couleurs sombres mais lumineuses suggère une lutte intérieure, une ascension vers la compréhension tout en demeurant enlisée dans des zones de doutes. "La Statue" devient ainsi une exploration abstraite de la réflexion elle-même, une immersion dans l’acte de penser sans représentation concrète du penseur.